Sens au travail : comment garder le cap de sa motivation personnelle

sandrine vinaySandrine Hassler Vinay est aujourd’hui consultante et formatrice en entreprise.
Après 15 ans d’expérience en entreprise comme responsable marketing puis chef de projets événementiel en France et en Australie. Elle intervient aujourd’hui dans le cadre de formations, de séminaires de cohésion d’équipe ou d’accompagnement individuel, et cherche à aider chacun à mieux se connaître, à mieux comprendre les mécanismes en jeu dans les relations interpersonnelles pour améliorer son efficacité professionnelle.
Intervenante EFE, Sandrine anime  » Mieux gérer son stress pour gagner en efficacité  » et  » Le sens au travail – Les leviers du bien-être au travail  »

Dans un contexte économique où de nombreux paradigmes sont mis à mal, où de plus en plus de managers et de collaborateurs ont le sentiment de faire le grand écart entre ce qui leur est demandé et leurs valeurs personnelles, où les changements incessants de stratégies deviennent la nouvelle norme,  où la démarcation entre travail et temps off est de  plus en plus subjective et  fluctuante se poser la question du sens au travail prend tout… son sens !Alors que les rythmes s’accélèrent et que nous avons rapidement la tête sous l’eau, il peut être utile de la relever pour vérifier que l’on nage toujours dans la bonne direction. Pour ne pas perdre le cap, prendre le temps de faire un arrêt sur image sur son activité professionnelle pour lui redonner du sens est indispensable.

S’interroger sur le sens au travail demande tout d’abord de préciser l’essence même du travail.

Propre à l’homme, le travail est un élément intrinsèque à l’épanouissement de chacun. Le travail joue un rôle primordial  dans la satisfaction de nos besoins fondamentaux modélisés par Abraham Maslow :

Pyramide de Maslow

  • besoins physiologiques,
  • besoin de sécurité,
  • besoin d’appartenance,
  • besoin de reconnaissance
  • besoin d’épanouissement

 

 

 

 

« Quel besoin comble  mon travail aujourd’hui ? » est une question qu’il est important et pertinent de se poser régulièrement surtout si l’on a, par culture ou par réflexe l’habitude de ne voir et de parler que du verre à moitié vide.

« Le travail joue un rôle important dans le développement de la personne. De prime abord, il lui permet d’assurer sa subsistance, c’est certain, mais ce n’est pas là son seul intérêt. Le travail est avant tout une activité par laquelle une personne se définit, s’insère dans le monde, actualise son potentiel, et crée de la valeur, ce qui lui donne, en retour, le sentiment d’accomplissement et d’efficacité personnelle, voire peut-être un sens à sa vie »,  nous dit Estelle Morin de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST)

 

Cette idée que le travail est une composante majeure du sens que l’on peut donner à sa vie est d’autant plus importante que c’est la présence de sens qui nous permet d’être en vie et d’être dans la vie.

Partant du constat que : « dans les camps de concentration nazis, les plus aptes à survivre étaient les prisonniers qui avaient une tâche à remplir à la libération » Viktor Frankl rescapé des camps a fondé une nouvelle approche psychologique : la logothérapie, ou thérapie par le sens,  centrée sur l’idée que la quête de l’Homme est avant tout celle du sens.

Dans le même esprit  Albert Einstein disait : « L’homme qui considère que sa vie est dépourvue de sens non seulement est un homme malheureux, mais de plus sa vie n’a aucune saveur »

 

Le sens au travail, 1 notion 3 composantes :

D’après Irvin Yalom et Estelle Morin, la notion de sens au travail  se décline en  3 composantes :

  1. Sensus, racine latine : la signification du travail, la valeur du travail aux yeux du sujet et la définition ou la représentation qu’il en a.
  2. Sumo, racine germanique  : la direction, l’orientation du sujet dans son travail, ce qu’il recherche dans le travail et les desseins qui guident ses actions.
  3. Phénoménologie : l’effet de cohérence entre le sujet et le travail qu’il accomplit, entre ses attentes, ses valeurs et les gestes qu’il pose quotidiennement dans le milieu de travail.

 

Qu’est-ce qui permet de dire que son travail a du sens ? Et quel est le lien avec la performance de l’entreprise ?

Estelle Morin a travaillé sur les relations entre les facteurs du sens au travail, la santé mentale au travail et l’engagement organisationnel.

Selon ses travaux  le sens du travail influence positivement le bien-être psychologique et les 6 caractéristiques  suivantes sont positivement corrélées avec le sens du travail : l’utilité du travail, la rectitude morale du travail, les occasions d’apprentissage et de développement, l’autonomie, la reconnaissance et la qualité des relations.

Dans son étude, Estelle Morin cite Isaksen pour qui le sens du travail est perçu comme un état de satisfaction engendré par la perception de cohérence entre la personne et le travail qu’elle accomplit.

Huit caractéristiques du travail contribuent à lui donner un sens :

  1. la possibilité de s’identifier à son travail et à son milieu de travail,
  2. la possibilité d’avoir des bonnes relations avec les autres et de se préoccuper de leur bien-être,
  3. le sentiment que le travail est utile et contribue à l’accomplissement d’un projet important,
  4. le sentiment que le travail accompli est important pour les autres, est bénéfique pour autrui,
  5. la possibilité d’apprendre et le plaisir de s’accomplir dans son travail,
  6. la possibilité de participer à l’amélioration de l’efficacité des processus et des conditions de travail,
  7. le sentiment d’autonomie et de liberté dans l’accomplissement de son travail,
  8. le sentiment de responsabilité et de fierté du travail accompli.

Même si  tous  ces critères ne dépendent pas uniquement de la volonté du manager ou du collaborateur, celui-ci peut néanmoins intervenir positivement sur certains d’entre eux. Renforcer son assertivité, comprendre les mécanismes à l’œuvre dans toute relation, connaître et reconnaître les éléments déclencheurs du stressSANS OUBLIER de maintenir un équilibre vie privé/vie professionnelle qui  convienne sont autant de possibilités d’améliorer son bien-être  et donner ou redonner du sens à son travail.

 

9 Commentaires

  • Je vous rejoins totalement. Je mettrai ces huit caractéristiques dans une grosse boîte que j’appellerai : « donner du sens au travail ».

    J’aime bien l’idée qu’un manager puisse intervenir positivement. On voit trop souvent le manager comme une manifestation de l’autorité (sentiment négatif). Je pense qu’un manager doit être tout sauf cela. Car ce n’est pas en infantilisant les gens que l’on peut les motiver.

  • Merci de votre commentaire Jérôme ! Donner ou redonner du sens au travail est un de nos axes de recherche privilégié! Nous ne pouvons qu’approuver !

  • Pour ma part (homme 53 ans Bac + 7), je travaille en totale autonomie et liberté… et c’est justement ce qui me pose problème ! Dans notre petite structure publique (20 p.) au rythme très plan-plan, j’ai fini par m’apercevoir que je pouvais « laisser filer » sans que personne ne réagisse jamais ! En d’autres termes : que je travaille ou non n’a aucune importance. Dès lors que j’ai compris ça, mon travail m’est apparu complètement dépourvu de sens et aujourd’hui je ne parviens plus à me re-motiver. J’ai pas mal de caractéristiques du burn-out, sauf que ce n’est pas un excès de travail qui m’a mené là, mais l’inverse !
    Heureusemnt, j’ai depuis deux ans un nouveau directeur qui est accessible et sympa et j’ai pu lui expliquer la situation, en insistant sur le fait que pour avoir le sentiment que mon travail a du sens j’ai besoin de répondre à une demande (je ne peux plus me saisir moi-même de sujets que j’aurais identifiés comme utiles) et que celle-ci ait une échéance (sinon je laisse filer…).
    Il me donne effectivement des tâches à remplir, mais se refuse à me dire à quel terme je dois avoir fini : « Ce n’est pas ma façon de manager ».
    Pourriez-vous me dire en quelques mots ce que vous en pensez ? N’est-ce pas une situation complètement ubuesque, de voir un cadre demander à son +1 de lui serrer la vis (ça revient à ça) et se voir opposer un refus ?
    PS : avec 3 enfants étudiants, je ne me vois pas prendre aujourd’hui le risque d’aller voir ailleurs…

  • Je vais essayer au mieux de répondre à vos questions mais possédant peu d’éléments sur le contenu de votre travail et son contexte je préfère vous proposer des pistes de réflexion. La reconnaissance est effectivement un élément primordial pour donner du sens à son travail. Mais si elle ne vient pas de votre hiérarchie, peut être pouvez vous l’obtenir de vos collaborateurs,de vos pairs et/ou de vos interlocuteurs extérieurs. Que vous fassiez votre travail correctement a peut-être un impact direct ou indirect sur eux. Il est possible d’aller chercher cette reconnaissance en prenant un café avec un collègue pour avoir un retour sur votre façon de travailler, en faisant un point avec un de vos clients ou interlocuteurs pour citer quelques idées.
    Par ailleurs si vous avez besoin d’un cadre avec des échéances, que votre n+1 ne fonctionne pas comme cela et dans la mesure ou vous semblez avoir une bonne relation avec lui, vous pouvez tenter d’échanger davantage avec lui en élargissant le sujet. Il pourrait être pertinent de mettre sur la table les différences entre vos besoins pour rester motiver (des objectifs et des échéances) et ses besoins de délégation en tant que manager ( avoir des collaborateurs autonomes) et chercher des moyens de les concilier.
    Par rapport à votre sentiment que vous qualifiez de burn out »inversé », il me semble légitime: l’ennui dans son travail peut provoquer un réel mal-être et un état dépressif dont certaines manifestations peuvent être communes avec le burn out dont la fatigue par exemple.
    Je ne peux malheureusement guère approfondir davantage faute d’information. Je vous souhaite une bonne continuation.

  • Bonjour, en effet un sujet qui semble revenir à la mode lié au contexte socio économique que nous vivons dans les entreprises. Si cet aspect du sens au travail s’oppose au fonctionnement des organisations actuel qui tend à la restriction et la rationalisation, il en demeure pas moins qu’il faut le faire. Comment garder la motivation? La conviction dans ce que l’on fait? Sens du travail, plaisir ou souffrance au travail.
    Je crois que comme dit Claude LEVY-LEBOYER dans son ouvrage « la motivation au travail » L’activité professionnelle n’est plus, pour une large fraction de la population, la colonne vertébrale de l’identité.
    Le sens donné au travail prend une toute autre direction. Cependant certains mobilisent leur énergie a ce travail bien fait qui répond aux normes attendues par l’organisation en termes de qualité. ils n’ont plus les moyens d’être réellement satisfait du résultat mais il garde cette lueur de tout simplement « faire leur travail  » celui pour lequel il sont rémunérés.
    J’effectue un travail de recherche en science sociale et votre opinion me serait surement d’une grande utilité.

  • Bonjour, je viens de tomber sur ce site en faisant mes recherches pour mon travail de recherche en sciences sociales, j’aimerais pouvoir évoquer le sujet, tt particulièrement avec Bruno qui semble être dans la même situation que moi ou presque … pour notamment avoir des références théoriques !
    Je pense que pour mettre du sens dans son travail, rien de mieux que de travailler ensemble… en équipe !

    je vous en remercie,

    Bien cordialement
    Claire

  • En effet le sens du travail, celui que nous lui donnons, chacun d’entre nous individuellement prend une toute autre direction lorsque la dynamique de groupe fait son effet. Alors les valeurs de chacun sont partagées. Le sens du travail semble être une priorité pour quelques uns d’entre nous qui essaient de comprendre son processus dans une société où quelques principes ont mutés.
    Donc apporter des références théoriques, je m’en sent bien incapable mais échanger sur la thématique avec Claire sera surement efficace afin de mener à bien notre projet apparemment sur un thème qui touche de près le sujet. Je suis actuellement en formation de cadre de santé et pour ce qui est du sens, celui du travail en équipe reste toujours une solution favorable à l’évolution de nos pratiques.

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