Réunion : oser et savoir s’exprimer

Nombre de situations nous amènent à douter de la sincérité d’un candidat, d’un négociateur ou d’un collaborateur. Décoder les comportements et les mensonges est alors une compétence indispensable et à l’impact non négligeable. Découvrez l’interview de Eric Goulard, formateur en management, relation client et communication.

La Rédaction Analyses Experts (RAE) : Peut-on réellement apprendre à « oser » s’exprimer ?

Éric Goulard (EG) : Pour « Oser s’exprimer, il faut tout d’abord savoir s’exprimer. S’exprimer en public, c’est être capable de gérer correctement sa communication (verbale et non verbale) dans un contexte précis tout en maîtrisant parfaitement les interactions avec les autres, quelle que soit la taille du groupe.

« Oser » s’exprimer, c’est avant tout vaincre ses peurs, souvent irrationnelles, et aller de l’avant. Cette émotion de peur que ressentent certaines personnes à l’idée de s’exprimer en public, peut littéralement les paralyser. Certains ressentent un trac intense qui leur fait perdre tous leurs moyens ; d’autres ressentent simplement une petite peur au début, qui s’estompe très vite, et qui se transforme en énergie positive. Nous ne sommes pas tous égaux devant les effets négatifs de cette émotion de peur.

Une personne peut être très bien préparée, connaître son discours, avoir une vision claire du déroulement de la réunion, et ne pas oser s’exprimer devant un groupe. À côté d’elle, son collègue n’a peut-être pas préparé le sujet aussi consciencieusement au point qu’il ne le maîtrise pas, et pourtant il osera s’exprimer. Les deux feront une présentation différente et laisseront un ressenti tout aussi différent.

La première règle à respecter est de maîtriser le sujet, de l’avoir préparé et répété la présentation. Cela fait partie des fondamentaux de l’animation de réunion. On ne peut pas tout improviser, et on ne peut improviser que sur des choses que l’on connaît bien.
Ensuite, il ne « reste plus » qu’à vaincre ses craintes et gagner en confiance en soi.
La confiance en soi s’apprend relativement rapidement. L’un des premiers éléments à travailler est d’apprendre à se connaître : connaître son corps, ses possibilités et ses limites. La communication non verbale et la gestion des émotions permettent à de nombreuses personnes d’aller au-delà de leurs peurs. Les mises en pratique, les exercices de prise de parole, et les pratiques régulières sur le terrain après les formations, permettent de transformer des personnes, trop souvent pétrifiées par la peur, en animateurs de réunion ou en orateurs convaincants capables de vendre des solutions complexes en réunion.

RAE : Quels sont les freins à la prise de parole les plus souvent étudiés ?

EG: Il y a principalement deux grandes catégories de freins :

Les freins liés à la peur. On retrouve un certain nombre de craintes telles que : la peur du ridicule, la peur de faire une mauvaise impression, laquelle est en relation avec la peur du regard des autres ou celle du jugement par les autres. Il y a aussi la peur de l’échec et la peur de perdre ses moyens. Chaque individu peut avoir des peurs personnelles, souvent irrationnelles mais toujours surmontables. Parfois il faut du temps et du travail pour les vaincre.

Les freins en relation avec le manque de confiance en soi. Le sentiment d’être moins bon que les autres peut être paralysant. Il est tentant de céder à la facilité : l’action par inertie, c’est-à-dire prendre la décision de ne rien faire. C’est ainsi que de trop nombreuses personnes préfèrent ne pas agir plutôt que de se prendre en main. Le manque de confiance en elles réduit considérablement leurs perspectives d’évolution dans l’entreprise.

Une ou plusieurs mauvaises expériences passées peuvent être à l’origine des freins liés à la peur ou au manque de confiance en soi. Cela peut remonter à une expérience négative vécue dans le milieu professionnel, à l’école, dans la famille et même jusqu’à l’école maternelle.

RAE :  Existe-t-il des règles sur lesquelles s’appuyer lors d’une intervention orale ?

EG : Il y a deux points fondamentaux à respecter avant toute intervention orale :

La préparation : une prise de parole en public est toujours un exercice difficile et risqué, au cours duquel il est facile de faire une mauvaise impression, de ne pas convaincre et de laisser un sentiment négatif au public. Convaincre demande de l’énergie et une maîtrise complète de la situation. Pour réussir son intervention, il est nécessaire de consacrer un temps suffisant à la préparation, ainsi que du temps à la répétition et à la correction du discours. Cela permettra de calibrer celui-ci pour qu’il répondre aux exigences attendues, notamment au niveau du timing.

Maîtriser la communication non verbale : il s’agit, à mon sens, d’un élément important qui fera de l’orateur un leader s’il maîtrise la communication non verbale, ou au contraire un perdant si son comportement est en décalage avec ce qui est attendu.
Un bon orateur est avant tout quelqu’un qui maîtrise son discours ainsi que ses gestes. Il sera performant si, en plus, il est capable de percevoir les indicateurs comportementaux que lui renverra son public. Ce faisant, il adaptera son message (verbal-non verbal) en fonction des réactions perçues dans le groupe.
Il est donc fondamental que l’animateur soit toujours en phase d’écoute comportementale (verbal-non verbal) afin d’être performant.

RAE :  Quels conseils donneriez-vous à un collaborateur qui n’ose pas s’exprimer en réunion ?

EG : Le premier conseil est d’essayer d’oublier ses peurs. C’est plus facile à dire qu’à faire, bien sûr ! Néanmoins, le fait de se dire que l’on a peur, que l’exercice va être compliqué, que l’on ne va pas y arriver… Ne fera qu’accentuer le stress, les tensions, et donc potentiellement le risque d’échec. La méthode Coué : « Je vais bien tout va bien » a une vertu non négligeable dans ce cas. Si vous connaissez votre sujet et que vous avez préparé votre intervention, vous avez mis toutes les chances de votre côté. Il ne reste plus qu’à présenter ce sujet. Alors allez-y ! Montrez-leur que vous maîtrisez la situation. Dites-vous que vous n’avez rien à perdre, et allez-y !

Si vous ne le faites pas encore, je vous encourage vivement à utiliser un paperboard ou un tableau blanc. Cet outil vous permettra d’éliminer une partie de votre stress tout en détournant l’attention du public vers le tableau. Le public pourra ainsi suivre votre présentation et découvrir les éléments au fur et à mesure. L’utilisation d’un tableau vous obligera à être moins statique, à ajouter des gestes à vos paroles et aussi à utiliser un support visuel autre qu’un déroulé de slides.
Vous gagnerez aussi en qualité de transmission de l’information, l’impression que vous laisserez sera plus positive et votre charisme sera renforcé.
Bien sûr, il faudra intégrer l’utilisation d’un tableau dans votre préparation et dans votre animation.

RAE :  Qu’avons-nous à gagner d’une intervention orale en milieu professionnel ?

EG : Tout ! De nos jours, presque toutes les décisions se prennent en réunion. Il faut négocier, convaincre, rassurer et emporter l’adhésion des autres. Cela se fait souvent devant un groupe, il faut utiliser les mots justes, adopter le comportement adéquat, observer, écouter, bref savoir communiquer.
Celui qui ne sait pas communiquer ne peut pas évoluer, du moins il n’obtiendra pas les mêmes résultats que le bon communicateur.

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Eric Goulard est formateur en management, relation client et communication
Intervenant EFE, il anime également la formation « Décoder les comportements et les micro-expressions »

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