6 clés pour développer sa mémoire et gagner en efficacité

Rédaction Analyses Experts (RAE): Peut-on réellement travailler sur sa mémoire ?

Christine Carstensen :  Bien sûr, la mémoire se travaille comme un muscle, c’est une image : plus on l’entraîne, plus elle est performante. Saviez-vous qu’il existe même des championnats européens de mémoire? Cette tradition est ancienne car déjà les Grecs, puis les Romains aimaient les joutes où leur mémoire était mise à l’épreuve.
Le plus encourageant est que la mémoire se travaille à tout âge. Il n’est pas d’âge pour progresser par rapport à ses propres acquis et modes de fonctionnement. Seule la vitesse d’acquisition ralentit avec l’âge. Un petit enfant mémorise un nombre phénoménal d’éléments nouveaux en peu de temps. Dès les premières années, le rythme d’apprentissage diminue. L’important est d’être motivé pour le garder tout au long de la vie !

Savez-vous que notre « potentiel mémoire » tourne en sous-régime ?Les dernières évaluations scientifiques affirment que nous n’utiliserions que 10 à 20% de sa capacité réelle. Nous avons dans notre cerveau des milliards de neurones qui se connectent entre eux, relayés par les synaps. Notre mémoire s’entretient et progresse si nous créons sans cesse de nouveaux circuits. Comment ? En ne cessant d’être curieux, étonné et ouvert à de nouveaux apprentissages personnels ou professionnels.

RAE : Comment stimuler ses capacités de mémorisation ?

Christine Carstensen: Un cerveau qui fonctionne bien – et qui développe une capacité à mémoriser aisément – s’appuie sur ses 2 hémisphères : le gauche et le droit. L’hémisphère gauche qui gère le langage, la logique, les détails est surdimensionné dans notre système d’apprentissage. L’hémisphère droit qui fonctionne avec les images, la globalité et une logique non linéaire est souvent laissé en friche car ce mode d’apprentissage ne fait pas sérieux ! À bien y réfléchir notre cerveau aime l’ordre, le cadre et EN MÊME TEMPS s’amuser et se distraire. Tous les apprentissages des jeunes enfants passent par le jeu, les couleurs, le rire. Juste parce que notre cerveau, de petits comme de grands, aiment par-dessus tout mémoriser sur un mode ludique, c’est-à-dire associer les qualités de l’hémisphère droit et celles du gauche. Rappelez-vous ce que vous mémorisiez le mieux en étant jeune ? Avec un professeur vivant qui savait vous intéresser et être passionnant ou avec un professeur ennuyeux à la voix fatiguée ?

Pour faire fonctionner les 2 parties du cerveau, Tony Buzan, spécialiste de la mémoire, a inventé la « carte mentale » une manière intéressante et économe en temps de synthétiser un dossier, de prendre des notes ou de trouver des nouvelles idées créatives. Parce qu’elle utilise l’écriture et les dessins simplifiés ou les icônes, elle fait appel à toutes nos facultés de mémorisation. C’est un point clé de notre formation « Développer sa mémoire »

RAE : Comment le fait de travailler sur notre mémoire peut-il nous rendre plus efficace ?

Christine Carstensen : Comme toute aptitude humaine,  nous sommes inégaux devant la mémoire. Ce qui est intéressant, c’est de modéliser ceux qui réussissent à l’augmenter. Ils présentent quelques points communs :

  • une aptitude à se concentrer sur ce qu’ils font sans zapper tout le temps
  •  une curiosité à découvrir de nouveaux centres d’intérêt
  • une capacité d’observation
  • une réelle motivation à s’améliorer.

Pour étayer le chapitre de la concentration et du plaisir, il est reconnu par les chercheurs que les enfants pratiquant un instrument de musique régulièrement sont aussi ceux qui mémorisent plus facilement dans leurs études. De même, sauf pathologie, des seniors continuant à être stimulés par de nouvelles connaissances sont tout à fait aptes à garder une mémoire vaillante.

Le travail sur la mémoire nous rend plus performant en ce sens que nous sommes plus ouverts, plus observateurs, nous perdons moins de temps, les données sont accessibles plus rapidement dans ce fabuleux ordinateur qu’est notre cerveau, par conséquent moins d’efforts inutiles et moins de stress… et donc plus d’efficacité !

RAE : Quels sont les outils dont on peut se servir pour aider sa mémoire ?

Les outils qui stimulent la mémoire sont  à notre portée, ils demandent juste à être activés consciemment. J’ai toujours trouvé étonnant par exemple que des amateurs de foot, avouant ne pas avoir particulièrement de mémoire se souviennent précisément que tel joueur a changé de club telle année, a été racheté par tel autre club, qu’ils sachent dire sans hésitation les matchs gagnés, le score et une foule d’autres détails. Que se passe-t-il pour que la mémoire fasse ses prouesses ? Simplement le B.A-BA de la mémorisation. L’information – autour du foot dans notre exemple – est :

  • répétée au moins 3 fois (radio, entre collègues et amis)
  • vue sous différents angles (TV, radio, journaux, Internet)
  • marquée d’une charge émotionnelle (forte empreinte mémorielle) et par le plaisir.

Voici les 3 outils indispensables pour enclencher un processus de mémorisation.

RAE : Quelles astuces préconisez-vous au quotidien pour améliorer notre mémorisation ?

Christine Carstensen : Entraîner sa mémoire est un plaisir au quotidien. Le plus grand effort est justement l’application quotidienne. C’est là où la formation est un condensé actif et donne un kit d’outils et un élan qui propulse. Dans notre vie, chaque jour nous offre des occasions de mémoriser : un nouveau client dont vous prenez la carte de visite, en prononçant son nom dans votre tête après qu’il se soit présenté, en vous rappelant une anecdote échangée, en inscrivant au dos de sa carte quelques mots clés qui viendront, par association d’idées, vous remémorer son visage, son nom, son entreprise. Un autre moyen est de retenir 7 choses importantes à faire dans la journée avec une méthode appelée la « chambre romaine » ou encore mémoriser de façon infaillible vos codes d’accès (immeuble, informatique, etc.) avec des moyens mnémotechniques ludiques et efficaces. Un seul conseil radical : s’entraîner, s’entraîner, s’entraîner avec plaisir. Comme par exemple, regarder une pub dans le métro ou le magazine, fermer les yeux, mémoriser le maximum d’éléments et comparer ce que vous avez restitué et ce qui manque. Quotidiennement, c’est très efficace. N’oubliez pas que vous faites des gammes pour retenir ensuite des éléments plus importants de votre vie professionnelle. Avant de chanter devant vous un opéra complet, le ténor a fait ses gammes tous les jours !

RAE : Face au trop plein d’informations comment « garder de la mémoire vive » ?

Christine Carstensen : Les processus clés pour éviter de se laisser envahir par le flot d’informations ambiant sont :

  • sélectionner ce que vous voulez mémoriser. Surtout ne pas vouloir tout retenir !
  • trier, c’est-à-dire ranger au bon endroit dans votre tête, comme si vous rangiez une bibliothèque. Sinon votre cerveau le fera en aléatoire et là, vous n’êtes pas prêt de vous y retrouver.
  • se poser la question « pour quoi ? » (dans quel but) a-t-on envie de mémoriser ces informations. Cette question vous mènera à sélectionner ce que vous allez noter et entendre. Au cours d’une réunion, vous ne notez pas la même chose si vous devez rendre compte de l’essentiel à votre N+1, qu’à votre équipe, que pour votre usage personnel en vue de compléter un dossier.

Si vous suivez ces quelques pistes, vous serez déjà très performants. Et je laisserai le mot de la fin à Sigmund Freud : « Oublier est une capacité naturelle du cerveau ». Alors, pas d’inquiétude, il faut aussi accepter notre oubli et déterminer ce qui est important à garder en mémoire.

 

Christine Carstensen est formée à la communication, la psychologie et la créativité à Paris V. Intervenante à l’Ecole Centrale de Paris. Passionnée par l’amélioration de la communication en entreprise grâce à la gestion optimale de l’intelligence relationnelle et de la créativité, moteur de l’excellence.
Intervenante EFE, elle anime la formation « Développer sa mémoire ».

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