Karine di Fusco est consultante, conférencière, coach. Elle est élève du Dr Nadia Medjad, LA spécialiste en France des neurosciences appliquées à l’apprentissage. Fondatrice de Boîte Crânienne, elle intervient en entreprises et en écoles supérieures en proposant ateliers et conférences. En attendant de la retrouver lors de notre prochaine conférence dédiée aux neurosciences, elle nous livre sa vision en quelques questions clés.
Pourriez-vous nous faire le pitch de Boîte Crânienne en une phrase ?
Une fabrique de boîtes à outils basés sur les neurosciences pour mieux utiliser son cerveau !
Quels sont les principaux commandements des neurosciences applicables à la formation ?
Je vous propose de nous concentrer sur le premier commandement de l’apprentissage : connaître ses ennemis.
L’ennemi principal de l’apprentissage est la fragilité de l’attention : notre concentration est limitée, elle est la proie de sirènes attentionnelles (les distractions, les interruptions, le zapping des tâches, les sirènes digitales que sont les notifications, les alertes sonores, les messageries instantanées…). Imaginez que l’apprentissage est une fusée dont le carburant est la motivation : le premier étage de cette fusée est l’attention. Sans cette condition essentielle : pas de compréhension possible et pas de mémorisation des nouvelles connaissances.
Se concentrer demande beaucoup d’énergie et de ressources. Un autre ennemi de l’apprentissage est la fatigue que l’apprentissage (et l’attention dirigée) engendre. Fatigue et tout autre besoin physiologique telles que la faim, la soif… ces besoins sont des facteurs de stress pour notre cerveau, dont la dimension archaïque analyse l’information comme la plus pertinente à considérer. Ce besoin physiologique va alors être au premier plan de nos préoccupations (et de notre champ attentionnel !), empêchant tout apprentissage. Une solution : faire des pauses pour soulager l’effort attentionnel et recharger ses batteries énergétiques.
En parlant de facteur de stress, pensons justement à cet autre ennemi de l’apprentissage que sont l’anxiété, l’angoisse… pour faire court, parlons de « stress » : lorsque nous sommes préoccupés, que nous ruminons une situation passée en imaginant ce que nous aurions pu faire ou du dire, que nous imaginons un scénario catastrophe pour un événement à venir… je n’en dis pas plus ! Je fais l’hypothèse que vous avez déjà expérimenté une de ces situations. Avez-vous remarqué que nous sommes alors incapables de travailler ? De nous concentrer ? Et encore moins d’apprendre ! « Un certain niveau d’émotions négatives perturbe, voire empêche, l’apprentissage », pouvons-nous lire dans « Comprendre le cerveau, naissance dune science de l’apprentissage », le rapport de l’OCDE de 2007.
… pour découvrir les autres commandements, rdv le 16 mai 2019 !
Quels sont les principaux leviers qui peuvent créer des conditions optimales d’apprentissages ?
Les neurosciences ont redonné ses lettres de noblesse et son importance aux émotions dans les situations d’apprentissage : il appartient à tout formateur de prendre conscience de cette dimension non cognitive, d’en connaître le fonctionnement et les modalités, de savoir comment la créer et la soutenir.
La qualité du lien professionnel est un facteur déterminant des 3 dimensions afférentes à l’apprentissage : Attention, Mémoire et Motivation. Cette dimension non cognitive les sous-tend pour élaborer une relation de confiance avec les apprenants, réduire le niveau d’un stress délétère et créer un climat bienveillant.
Une méta-analyse menée aux Etats-Unis par John Hattie conclut que cette capacité relationnelle (en créant un climat de confiance, en donnant des feed-backs….) est un facteur plus important que le niveau d’expertise d’un formateur pour l’engagement des apprenants.
Si vous deviez citer une source d’inspiration dans votre métier, quelle serait-elle ?
Le docteur Nadia Medjad, co-auteure de l’ouvrage « NeuroLearning, les neurosciences au service de la formation ». J’ai la chance d’avoir été formée par Nadia aux neurosciences appliquées à l’apprentissage et de poursuivre cette collaboration encore aujourd’hui. Il y a quelques années, c’est elle qui m’a fait découvrir les apports des neurosciences dans le processus d’apprentissage et cette découverte a été un tournant dans ma vie professionnelle : à la fois dans ma manière d’apprendre et de me former mais aussi dans le cœur de mon métier (Boîte Crânienne est née de cette rencontre ; rencontre avec Nadia et les neurosciences).
Le docteur Medjad allie deux qualités exceptionnelles :
- L’exigence scientifique et la rigueur intellectuelle : Nadia continue à étudier 5 heures par jour pour examiner, vérifier, valider toutes les données qu’elle utilise dans ses travaux. Je suis très respectueuse de ce souci d’être toujours informée des dernières études sans jamais tombée dans le piège attractif de la révélation sensationnelle : toute donnée est toujours passée au crible de la légitimité scientifique par Nadia.
- Une simplicité et une humilité naturelles : si vous avez déjà assisté à une intervention du docteur Medjad, vous aurez remarqué que le jargon scientifique et les tournures de phrase alambiquées et stériles n’ont pas leur place. Nadia a le souci constant d’apporter du contenu pratique pour ses interlocuteurs : elle explique simplement le complexe, elle rend concret le conceptuel et elle le fait avec générosité.
Cette dimension pratico-pratique est essentielle pour moi : c’est une des raisons pour laquelle j’ai appelé mon projet « Boîte Crânienne ». Pour faire référence aux boîtes à outils que je propose aux participants dans mes ateliers ou conférences. Cela ne dispense pas d’expliquer le fonctionnement du cerveau au préalable, pour donner du sens aux outils proposés.
Enfin, Nadia a toujours été une source d’inspiration pour sa capacité à embarquer son public : s’il y a bien une personne qui incarne comment se mettre en lien avec des participants, c’est le docteur Medjad. Avec naturel, avec humour et avec un immense talent.
Pour en savoir plus, rdv à Paris le 8 Octobre 2020 pour la conférence EFE
« Neurosciences : comment mieux apprendre et former vos équipes ? »
Karine di Fusco est consultante, conférencière, coach.
Elle est la fondatrice de Boîte Crânienne : une fabrique de boîtes à outils pour comprendre et optimiser le fonctionnement de notre cerveau (attention, mémoire, motivation, gestion du stress…).
Elle interviendra lors de notre prochaine conférence « Neurosciences : comment mieux apprendre et former vos équipes ? »
[…] pas en quelques décennies que celui-ci va changer. Prendre conscience des limites de notre cerveau, notamment face au digital, est la première étape pour modifier ses pratiques et regagner en […]