Intelligence émotionnelle : comment exprimer ses émotions au travail ?

Stéphanie MarecauxStéphanie Marécaux, sophrologue, formatrice en communication/développement personnel depuis huit ans, et journaliste experte en Santé/Bien-Etre. Formée aux techniques théâtrales (Cours Florent) et certifiée en PNL, elle se passionne pour la qualité de vie au travail et accompagne des collaborateurs et managers dans le cadre de missions formation/coaching.

Partenaire d’EFE, elle anime les formations : « Développer son intelligence émotionnelle », « Gagner en estime de soi pour atteindre ses objectifs » et « Développer son intelligence relationnelle »

Refoulées, niées, mal aimées… Les émotions ont souvent eu mauvaise presse. On a longtemps estimé qu’elles appartenaient exclusivement à la sphère privée et n’avaient pas leur place dans l’univers professionnel et social, où elles étaient systématiquement mal vues et rejetées en bloc. Or les émotions font partie de notre quotidien : elles nous rendent bien vivants ! Elles sont un indicateur utile qui nous renseigne sur nous-mêmes et notre entourage. Et notamment dans le contexte professionnel.

Grâce aux récentes recherches en neurosciences, nous savons que nos émotions influencent nos pensées, nos décisions et nos comportements. Elles nous aident ainsi à évaluer les situations et à agir. Pas question donc d’en faire l’impasse au travail. L’intelligence émotionnelle est aussi un outil très utile pour résoudre les problèmes et régler les conflits !

1. La rédaction Analyses Experts –  Qu’entend-on exactement par intelligence émotionnelle ?

C’est un concept très récent, introduit dans les années 80, notamment par deux chercheurs américains Peter Salovey et John Mayer. Elle désigne la capacité à identifier, accéder et gérer ses émotions et celles des autres. Au milieu des années 90, Daniel Goleman a vulgarisé ce concept dans son ouvrage « L’intelligence émotionnelle ». Il part de ce principe novateur que les individus qui réussissent professionnellement ne se distinguent pas par leur quotient intellectuel (QI) mais par leur quotient émotionnel (QE). Lequel peut être entraîné, donc amélioré (contrairement au QI) !

2. La rédaction Analyses Experts – Pourquoi sommes-nous plutôt tentés de cacher nos émotions ?

Depuis l’enfance, nous avons appris, au travers de notre éducation et de notre culture, qu’il ne faut pas montrer ses émotions, que c’est déplacé, enfantin…. Qui n’a pas entendu qu’ « un garçon ne pleure pas » et qu’  « une fille ne se met pas en colère » ?…  Très tôt, nous avons ainsi reçu des messages limitants qui inhibent nos émotions : « fais plaisir », « sois fort », « fais des efforts »… A l’âge adulte, les émotions ont été reléguées au second plan au profit de la performance, du « bien paraître » : nous avons pris pour habitude de les camoufler et de les refouler par peur de s’ouvrir, par orgueil, par crainte du conflit.

3. La rédaction Analyses Experts – Pourquoi gagnerions-nous à écouter davantage nos émotions et celles des autres ?

Une émotion livre une information sur nous-mêmes mais aussi sur notre environnement. Étymologiquement, émotion provient du latin (ex movere) qui signifie « mouvement qui sort vers l’extérieur ». En clair, c’est un élan vital, un signal que quelque chose se passe en nous. Pour s’approprier ses émotions et en tirer parti, il s’agit avant tout de savoir les écouter.

Développer son intelligence émotionnelle  permet de ne plus subir ni être dominé par ses émotions et celles des autres mais, au contraire, de s’en servir comme radar (elles nous permettent alors de s’adapter) et comme levier (pour nous aider à évoluer).

4. La rédaction Analyses Experts – Est-ce réellement applicable dans l’univers professionnel ? 

Bien sûr. Cela est même très profitable pour améliorer ses performances, atteindre ses objectifs, apaiser une relation, gérer un conflit…  Gardons à l’esprit qu’une émotion n’est ni positive ni négative en soi. L’accueillir et l’exprimer, c’est aussi donner l’occasion à un manager, par exemple, de mieux comprendre ce qui nous anime. Notre ressenti nous appartient, nous en prenons la responsabilité et nous informons notre interlocuteur de l’effet des faits sur nous-mêmes : « Je comprends que vous souhaiteriez recevoir ce dossier demain matin. Mais, je ressens un peu d’inquiétude et aussi de l’agacement car j’ai le sentiment de devoir bâcler mon travail. Je vous propose de repousser le délai de deux jours pour terminer la troisième partie et vous remettre un dossier complet. Qu’en pensez-vous ? ».

L’écoute des émotions des autres passe alors par une véritable ouverture d’esprit. L’interlocuteur (le manager ici) doit être capable de laisser parler son collaborateur sans l’interrompre pour comprendre l’expression de ses émotions (inquiétude, peur, agacement), de façon empathique. Pour adopter une attitude propice au dialogue et prendre une décision appropriée, qui sert la relation.

5. La rédaction Analyses Experts – Quels conseils donneriez-vous pour apprendre à gérer ses émotions ?

  • Ne rejetez pas une émotion. Cela ne sert à rien, si ce n’est à la renforcer. Plus vous niez une émotion, plus elle s’installe ! N’oubliez pas : vous êtes traversés par une émotion, vous n’êtes pas l’émotion. Elle apparaît puis repart très vite…sauf si on l’alimente (par le rejet, les pensées négatives…)
  • Ne jugez pas ce que vous êtes entrain de ressentir. Ce n’est ni bien ni mal. C’est ainsi, tout simplement. Adoptez la posture de l’observateur neutre qui ressent et reconnaît, sans porter de jugement.
  • Apprenez à mettre des mots sur votre émotion C’est la première étape. Cette indication précieuse (qui peut paraître compliquée au départ) vous aidera à adopter un comportement  adapté.
  • Décortiquez votre fonctionnement émotionnel. Qu’est-ce qui déclenche telle émotion ? Comment cela se traduit-il dans votre corps (joues rouges, respiration coupée, transpiration…) ? Quelles pensées négatives (« je ne vais pas y arriver », « ça ne marchera pas »…) entretient cette émotion?
  • Formulez des pensées encourageantes : utilisez le présent et le « je », et résumez votre pensée en peu de mots, de façon affirmative : « Je fais de mon mieux » plutôt que « j’essaierai de ne pas me laisser déborder par mes émotions » ; « je reste calme » plutôt que « je ne vais pas m’énerver »
  • Pratiquez des exercices de relaxation. Simples et faciles à s’approprier avec un peu de pratique, ils aident ne pas se laisser submerger par les émotions et ne pas adopter un comportement réactif, dicté par l’émotion (énervement, impatience, doute…). Des exercices de sophrologie permettent aussi d’envisager des situations difficiles (un entretien annuel, une réunion entre dirigeants, une présentation orale…) sous un angle plus positif et constructif.

3 Commentaires

  • Bonjour,
    L’article que vous proposez en référence me paraît intéressant dans la mesure où il cherche à clarifier une notion qui a commencé à se diffuser dans les années 2000 et suivantes et que les effets de mode (et de marketing) ont contribué à obscurcir. Le mot « intelligence », habillé de la soie de l’ « émotionnel » s’enveloppe, en effet, d’un petit parfum magique visant à vendre (ou à acheter) plus, sinon mieux, des formations, des « coaching » et d’autres actions de DP ou de thérapie que cette notion vient assaisonner, le chef cuistot Goleman présidant à la cuisson.

    Je prends la liberté de rajouter deux points qui me paraissent importants :

    A propos de la question 3. « Pourquoi gagnerions-nous à écouter davantage nos émotions et celles des autres ? ».
    Il semble que ce soit une condition pour accéder à la production de réponses adaptées aux contextes où le sujet se trouve plongé et à un meilleur alignement entre ce que le sujet pense (ses croyances et stratégies mentales), fait (c’est-à-dire : perçoit de la réalité interne ou extérieure, et apporte comme réponse) et ressent (émotions, sentiments, sensations et autres affects).

    En ce qui concerne la question 5. « Quels conseils donneriez-vous pour apprendre à gérer ses émotions ? » voici une suggestion de trame d’examen qui permet de passer du non adapté, de l’inconfortable au plus adapté, au plus confortable…) :

    – Identifier, en faisant l’ inventaire, les états internes émotionnels significatifs, apparus le plus fréquemment dans le cours du dernier mois, par exemple (chacun a un « menu » relativement stable d’états internes, cinq à dix, qui lui sont propres),
    – Pour chaque émotion, dans l’après coup, le « calme » revenu, ou en temps réel, lorsque l’on y est associé identifier :
    . Où elle se manifeste corporellement (ça me casse les pieds, il se prend la tête, ça me ferait mal au ventre, ça me hérisse …), son intensité et sa rythmique ( la frayeur a une intensité forte et la tristesse, contrairement à la jubilation n’a pas un rythme rapide…). La nommer ou la baptiser si elle n’existe pas au dictionnaire,
    . Ce qui la déclenche : le critère, la valeur qui, dans le contexte où elle apparaît, est activé (satisfait ou au contraire transgressé, mis à mal…). C’est le « Pourquoi je ressens cela »
    . Le message qu’elle vous communique (à l’issue d’un échange une certaine culpabilité pourrait m’indiquer que j’ai agressé mon interlocuteur et que je devrais prendre une action réparatrice…).
    . La représentation mentale qu’elle prend – c’est plus difficile – (modalités visuelles, relation au temps, champ d’attention large ou spécifique,… )

    Puis voir sur quels paramètres on peut influer pour changer quelque chose dans le système « soi – l’autre – le contexte où l’émotion apparaît». L’apprentissage du processus fait avec un tiers, chacun peut le conduire avec lui-même.

    Pardon pour la longueur de ce commentaire.
    Cordialement.

  • Merci pour cet article très enrichissant.

    Nous vous proposons d’en découvrir un peu plus à ce sujet à travers notre nouvelle Map sur L’Intelligence Émotionnelle et ses bénéfices en Management.

    En espérant que cette Map s’avérera utile dans vos futurs projets,
    Nous vous souhaitons à tous une très bonne lecture !

    Lien de la Map >> http://bit.ly/1ooaPrr

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